Le château de Montbard

Présente à la plus haute antiquité, la ville était installée sur un oppidum* gallo-romain qui couronnait sans doute l’actuelle butte du parc, car quand Buffon fit aménager les terrasses du château, de nombreuses monnaies romaines y furent découvertes.

*Un oppidum est un lieu de refuge public, caractéristique de la civilisation celtique, dont les défenses naturelles ont été renforcées par des travaux collectifs. Il est souvent situé sur un lieu élevé (une colline ou un plateau), mais peut aussi être sur une île, un cap, dans un méandre de fleuve, un marais, etc.

Chateau de Montbard gravure

Au Xe siècle, il existait déjà un château et des murailles entouraient la ville. Le château, forte place d’armes, ne fut jamais pris. Même en 1590, pendant les guerres de religions où la ville soutenant la Ligue (catholique) dut soutenir un siège mémorable, contre les 10 000 hommes du comte de Tavannes (protestant), lieutenant d’Henri IV. Grâce à leur artillerie, ils prennent les faubourgs pourtant fortifiés. Ils donnent ensuite en vain l’assaut aux murs de la ville. Ayant réussi à créer une brèche dans la tour Chifflot (aujourd’hui disparue), ils y pénètrent, mais sont aussitôt repoussés, essuyant de lourdes pertes. Après d’autres tentatives infructueuses et après 18 jours de siège, ils doivent se retirer faute de poudre.

Maquette chateau Montbard Maquette chateau Montbard

Montbard, ses comtes et ses ducs de Bourgogne

Le plus ancien comte de Montbard connu est Bernard 1er, le père de la bienheureuse Aleth de Montbard dont une plaque apposée sur la tour Saint-Louis rappelle le souvenir.

Plaque Aleth montbard Aleth de Montbard

Aleth est la mère de Saint Bernard, fondateur des abbayes de Fontenay et de Clairvaux. Ce dernier est l’un des rédacteurs de la charte des Templiers. André de Montbard, l’un des neuf chevaliers fondateurs de l’ordre, en fut le grand maître de 1153 à 1157.

St Bernard Montbard

Le duc Hugues III qui depuis longtemps convoitait cette forte position féodale, l’échangea avec Epoisses, à la suite de la mort du comte de Montbard André II, devant Saint Jean d’Acre au cours de la IIIe croisade (1189).

La ville fut l’une des premières à obtenir une charte communale en 1251 du Duc Hugues V. Celle-ci permettait l’élection d’un maire et des échevins parmi les membres de la communauté. La charte est toujours visible dans le salon d’honneur de l'Hôtel de Ville.

charte Affranchissement Montbard

Les ducs de Bourgogne font de fréquents séjours à Montbard. Ils sont accompagnés d’une cour brillante et nombreuse. Ils contribuent ainsi au développement de la ville.

Le 13 avril 1423, le duc Jean sans Peur y marie sa fille Anne avec le duc de Bedford, 3e fils du roi d’Angleterre.

En 1430, le duc Philippe le Bon, de retour de guerre, donne le Jacquemart à « sa bonne ville de Montbard ».

L'origine de celle-ci reste incertaine et a donné lieu à diverses suppositions.

"Castus Montusbarri"

Ce nom est cité dans plusieurs chartes, dont la charte communale de 1231, octroyée par le duc Hugues IV. Castrum désignait le château mais aussi la ville fortifiée, le château est sur un mont.

Extrait de La France nationale ou histoire nationale des départements de France... : province de Bourgogne de Ducourneau (1840) qui cite la charte communale :

Montbard, petite ville très ancienne, était déjà, sous le règne de Charlemagne, fortifiée par des murs et des fossés ; au neuvième siècle, elle prit un accroissement considérable et reçut la dénomination de château, castrum.
Depuis ce moment, les seigneurs de ce lieu furent les plus riches et les plus puissants de la Bourgogne. En 1210, sous Philippe-Auguste, la bannière de Bernard de Montbard suivait immédiatement celle du duc.
C’est au douzième siècle que datent les privilèges de cette ville. En 1201, Eudes III affranchit les habitants du droit de main-morte ; en 1209, il leur fit remise du droit sur la vente des vins.
En 1231, Hugues IV, duc de Bourgogne, donna à Montbard une charte communale semblable à celle de Dijon.
« Il est convenu que, pour l’octroy de cette charte, dit le duc, les habitants de Montbard paieront, à moi ou à mon intendant ou à mon prévôt, la somme annuelle de cinquante marcs d’argent de même aloi que celui dont se servent les marchands dans les foires et marchés ; cette somme sera payée à Montbard le mardi avant le dimanche des Rameaux, ou à Bar le samedi saint. Si, à cette époque, elle n’est pas payée, je ferai commencer les poursuites. Les gens aisés de Montbard ne seront tenu de payer qu’un marcs d’argent chacun, à l’occasion de la contribution annuelle de cinquante marcs, et c’est de cette façon que la ville de Montbard s’acquittera de son impôt de cinquante marcs d’argent, en faisant contribuer chaque bourgeois pour un marc. Mais si, en prélevant sur les bourgeois le marc d’argent, la somme annuelle précipitée de cinquante marcs ne peut être fournie, les manants de la cille la complèteront. Si, au contraire, la somme dépasse cinquante marcs, le surplus m’appartiendra. »
Le roi de France, Philippe-le-Hardi, étendit encore les privilèges des habitants de Montbard en 1376, moyennant cinq cents francs d’or ; la juridiction du châtelain de Montbard ne s’étendit plus que sur les gens de la maison du duc de Bourgogne, et la commune put avoir un sceau particulier portant les armes qui étaient d’azur à deux bards adossés d’argent, et en chef une fleur de lis d’or.
Cette ville fur souvent ravagée par les maladies et par la guerre : en 1347, la peste sévit si cruellement sur elle qu’il ne resta plus assez d’hommes pour cultiver la terre ; les guerres civiles, les pillages sans cesse renaissants dans ces époques de troubles, avaient tellement obéré Montbard que ses dettes se trouvaient élevées à trois cent mille livres, somme énorme pour ce temps-là, et qui ne put être acquittée que par la vente de biens communaux en 1665, et par octroi de dix-sept ans.

Montbard gravure

"Montis Barri"

Le mont qui barre la vallée de la Brenne : le vieux mot « bard » désigne dans le vocable celtique un mont isolé, d'où les noms de Bard (Loire), Bard-le régulier et Bard-les-Epoisses (Côte d'or),

"Le mont des Bardes"

Jean Nadault dans son manuscrit « Mémoires pour servir à l'histoire de la Ville de Montbard » dit que la ville existait à l'époque des bardes, ces poètes et chanteurs celtes, d'où le « d » placé à la fin de son nom. La légende attribue à Bardus, cinquième roi des Gaulois, la fondation des écoles de musique où enseignaient des bardes, et l'on soutint même que celle de Montbard était la principale.

Installés depuis la fin du XIXe siècle dans le campanile de l’Hôtel de ville, les automates qui composent le Jacquemart ont beaucoup souffert de leur exposition en extérieur.

Campanile hôtel de ville montbard

Constituées principalement de bois et de tôle, matériaux sensibles aux variations d’humidité et de température, ces sculptures qui n’avaient pas été restaurées depuis 1984, méritaient un traitement particulier. Le campanile a également fait l’objet d’un nettoyage et des grilles ont été installées afin de protéger les sculptures des oiseaux.

La municipalité a confié à la société LP3 conservation de Semur-en-Auxois le soin d’établir un constat d’état général et de proposer un ensemble d’interventions pour permettre aux personnages de poursuivre leur œuvre de carillonneur.

Qu’est-ce que la restauration ?

Depuis le XIXe siècle, la déontologie liée au travail des restaurateurs a beaucoup évolué. A l’heure actuelle, les professionnels préconisent :

> LA LISIBILITÉ : la partie restaurée doit pouvoir se distinguer de la partie originale, par la variation du rendu ou du matériau,
> LA RÉVERSIBILITÉ : utilisation de techniques ou de matériaux qui pourront être éliminés dans le futur par une autre restauration. On a en effet souvent fait le constat de dégâts irré-versibles causés à des œuvres par des restaurations antérieures mal conduites,
> LE RESPECT DE LA CRÉATION ORIGINALE : il est interdit au restaurateur toute re-création d’un élément disparu sur lequel il ne dispose pas d’une documentation historique certaine, ceci pour éviter toute interprétation : « la restauration s’arrête là où commence l’hypothèse ».

L’enquête

La restauration peut prendre l’aspect d’une véritable enquête au cœur de la matière et nous en apprendre plus sur la vie d’un objet après sa création. Ainsi, des micro-prélèvements de peinture observés sous lunettes-loupes ont permis aux restaurateurs de détecter plusieurs « repeints » pour chaque sculpture du Jacquemart, dont l’un est dû au peintre montbardois Ernest Boguet en 1933.

Le Jacquemart a ainsi changé de couleur trois fois depuis sa création !

Ces étapes sont indispensables avant toute opération et vont conduire les choix futurs des restaurateurs.

Constat d’état et restauration

La restauration se rapproche également de la médecine. Un bilan de santé est effectué pour chacun des personnages avant de décider du remède à lui administrer.

Retrait des figurines

Les sculptures très encrassées étaient recouvertes d’une épaisse couche de fientes d’oiseaux. Un certain nombre de fissures, des manques de petits fragments de bois et un soulèvement de la polychromie (couleurs appliquées sur la structure) ont été constatés, ainsi qu’une forte oxydation du métal. Les tôles formant le corps de Jacques et Jacquette étaient par ailleurs déformées tandis qu’il manquait au Jacquot l’extrémité de ses pieds.

Il a fallu dégager les surépaisseurs de fientes d’oiseaux, appliquer des compresses imbibées d’eau déminéralisée et nettoyer chaque partie à l’aide de coton tige. Chaque partie des sculptures a ensuite été démontée et l’oxydation dégagée à la brosse rotative. La polychromie a été refixée à la spatule chauffante, et les fissures comblées par l’application d’un mastic. Les retouches ont été effectuées au pinceau.

Jacquot

Le problème du Jacquot

Le Jacquot trop abîmé ne pouvait pas être réintégré dans le campanile, sans risque de le voir se détériorer irrémédiablement. Il a donc été décidé de réaliser un moulage en résine et de placer le fac-similé en compagnie des adultes, tandis que l’original, a trouvé une place de choix dans le Salon d’Honneur de l’Hôtel de Ville, à proximité de ses parents !

 Travail de restauration

Suite à leur restauration, les 3 figurines ont été exposée dans le salon d'honneur de l'Hôtel de Ville afin de permettre aux Montbardois de les voir de près et de constater le travail effectué.

Jacquemart restauré 3 Jacquemart restauré 1 Jacquemart restauré 2

Après quoi, la petite famille a retrouvé sa place dans le campanile de la mairie.

Réinstallation du Jacquemart

C’est sous les auspices de l’année européenne du patrimoine industriel de 2015 que plusieurs projets partenariaux ont convergé au service d’une seule et même cause : promouvoir Montbard et son territoire, avec les arts visuels pour outil.

Une sculpture en entrée de ville

Sculpture art et industrie MontbardL’association Métal’Valley a été à l’initiative d’un concours artistique pour doter Montbard d’une sculpture en entrée de ville. L’idée a remporté l’adhésion unanime du conseil municipal de Montbard en 2012. Elle s’est concrétisée après une consultation de la population et l’organisation d’un vote, à l’issue duquel le projet de Paul Godart, architecte, l’a emporté.

Cette oeuvre à la fois légère et forte, métallique et aérienne, place en son centre une tour faite en alliage inoxydable que l’industrie utilise dans le nucléaire. Elle est habillée d’une tôle en acier inoxydable de métal déployé, issue d’une usine de la Métal’Valley, le tout supporté par des tubes, également fabriqués en alliage inoxydable.

Son nom, celui d’"Art et Industrie", a séduit l’ensemble des partenaires. Un lettrage a été assemblé par des élèves du lycée professionnel Eugène Guillaume et aposé au pied de la sculpture.

Une oeuvre pérenne aux lignes contemporaines et éloquentes, valorisant l'entrée de ville sur le rond-point des médaillés.

Une exposition en partenariat avec le Metal'Valley

À l’initiative de la municipalité, l’association a contribué à la mise en valeur du patrimoine humain à travers l’exposition photographique reprenant le thème "Art et Industrie", que l’on peut désormais découvrir sur les murs de la ville et de la gare, avec le soutien de la S.N.C.F.

Ces photos illustrent que l’industrie est aussi une aventure humaine, une affaire de compétences. Prises sur le vif, elles mettent en valeur les produits mais aussi les hommes et femmes qui font l’âme des entreprises.

"Destination Montbard, vivez la Bourgogne"

La ville de Montbard et la Metal’Valley ont contribué conjointement à la réalisation d'un film promotionnel du territoire, mettant en avant les possibilités offertes pour vivre et travailler sur le bassin montbardois. Ces projets communs sont une belle opportunité de porter un nouveau regard sur la dimension patrimoniale d’un savoir-faire exporté dans le monde entier et dont nous pouvons tous être fiers.

Des relations étroites existent entre les industries de Montbard et les Montbardois, entre l’industrie et la cité de Buffon.

Dépositaires de cet héritage, nous nous devons aussi d’en maintenir l’esprit vivant.

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Hommes et savoir-faire

Temps fort de la vie économique de la cité, la foire de Montbard s’est aussi déclinée sur le thème « Hommes et savoir-faire », en mettant en valeur le métal, le bois, la pierre et la filière agricole. Créée en 1965 par Jean Maisonnave, Président de l’union commerciale, la foire fêtait cette année sa 50e édition.

Maquette d'atelier à la foire régionale 2015

Exposition de la maquette d’atelier, réalisée par Raoul Butheau, avant-guerre.